La rue Nationale rebaptisée !

Proclamation du 11 mars 2017


Bonjour à toutes et tous ! Et d’abord merci d’avoir répondu présents à notre appel.

Le 21 janvier dernier, notre association C’est au Tour(s) du Peuple a rebaptisé, en compagnie d’autres collectifs tourangeaux, la place du Grand Marché… place du Grand Marché Transatlantique.

Les raisons qui nous amènent aujourd’hui à récidiver et à renommer tout à l’heure la rue Nationale rue Multinationale sont à la fois exactement les mêmes et, sur quelques points, différentes, nouvelles. Pour ne pas être trop long, je vous conseille donc la lecture de la proclamation précédente – elle circule déjà abondamment sur Internet, les réseaux sociaux et vous en trouverez ici quelques exemplaires – et je vais m’attarder maintenant sur le lieu précis, symbole, où nous sommes. Et par conséquent la fameuse, trop fameuse opération dite du « Haut de la rue Nationale »…

Qu’est-ce, en fin de compte, que cette opération qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, de béton, et de larmes aussi dont on parle moins ?

C’est d’abord une opération qui a été pensée, préparée de longue date par un noyau d’oligarques locaux, les Germain, Babary, Briand et consorts, et ce n’est qu’ensuite, déjà bien ficelée, qu’elle a été présentée, vendue aux habitants avec tout le baratin et tintouin habituel : le rayonnement de Tours et de Tours +, l’attractivité commerciale, touristique, culturelle. Autrement dit, soyons toujours plus modernes, visons les classes moyennes sup, les riches et les ultrariches et, pour le reste, circulez ! Nous aménageons, vous déménagez ! On ne veut ici que du solvable, de la marchandise sous toutes ses formes, et une ville-vitrine, propre, rentable. Et donc forcément inégalitaire.

C’est ensuite une opération où les plans locaux d’urbanisme, les enquêtes d’utilité publique, les études de faisabilité des experts n’auront été que mascarades de démocratie, simulacres de consultation, manipulations procédurales et bureaucratiques menées par une caste d’élus-technocrates au service d’intérêts privés toujours plus puissants. Un exemple, entre mille. Savez-vous que le CCCOD, le Centre de création contemporaine Olivier Debré, qu’ils inaugurent aujourd’hui même en grande pompe, n’était pas initialement prévu ? Il n’est intervenu qu’en fin de course, sous la pression de ces mêmes intérêts privés qui craignaient, comme ils disent, pour leurs « retours sur investissements » ! Bref, vive la culture, mais surtout quand elle est au service du capital !

C’est enfin une opération qui a coûté et continuera à coûter très cher au contribuable, mais qui va par-dessus tout rapporter très, très gros à Eiffage Immobilier, Hilton, la SDIC, société sise à Paris mais de droit luxembourgeois. Un exemple, là encore entre mille. Les surfaces expropriées, pour ce qu’on peut en savoir, ont été payées autour de 2000€ le m2. La surface future, portée à près de 4000 m2, devrait, elle, être revendue autour de 10 000€ le m2 ! Ou louée à des tarifs particulièrement, comment dire…, sélectifs ! Du juteux, très juteux donc, où en même temps que se remodèle la ville, en même temps qu’elle se veut métropole en concurrence avec d’autres, s’accroissent les profits des multinationales, de leurs filiales et de leurs enseignes, toujours identiques, toujours plus présentes et proliférantes.

Quelques mots encore, pour évoquer l’Histoire qui continue et les combats qui sont devant nous.

D’abord, ne nous faisons aucune illusion ! Tant que nous n’aurons pas renversé tous ces pouvoirs oligarchiques, qui, du supranational au local, organisent le règne de la marchandise et de l’inégalité, tant que nous n’aurons pas mis au pas la finance mondiale, viré ses principaux relais ou valets, et fait advenir une transformation de fond en comble de nos institutions, nous n’aurons droit qu’à mensonges, faux-semblants, et au mieux quelques miettes ! Et toute cette mécanique du Haut de la rue Multinationale, tous ces dénis de démocratie, tous ces profits XXL, toutes ces villes – et campagnes – sous l’emprise des hommes de l’État et du capital réunis, continueront à se propager, s’accélèreront même. Ici à Tours, comme partout ailleurs en France, en Europe et dans le monde.

Comme vous le savez, un nouveau projet d’aménagement est d’ores et déjà en cours, ici, à l’autre bout de la ville, dans le quartier du Sanitas. Sous couvert de rénovation, il procède de la même logique antidémocratique et vise les mêmes objectifs antisociaux : exit les pauvres, exit les commerces indépendants, exit les quartiers populaires, et vive la rentabilisation du moindre m! Nous ne nous sommes pas mobilisés suffisamment tôt et suffisamment nombreux pour empêcher l’opération du Haut de la rue Multinationale. Nous devons le faire pour le Sanitas, car ce combat, contre l’incurie et la goinfrerie, est à nouveau exemplaire ! Et il retentira aussi, sur ce lieu où nous sommes et où tout n’est pas, loin de là, fini.

Ils veulent aménager à leur façon, déménageons-les à la nôtre ! Nous savons déjà très bien comment promouvoir une autre ville, un autre monde, pluraliste et solidaire.

C’est au Tour(s) du Peuple (CATDP)
11 mars 2017

Posts les plus consultés de ce blog

Tarifs Fil bleu : ça suffit !

Communiqué du 1er décembre 2019 sur les tarifs Fil bleu et le service public des transports en commun

Les tarifs Fil bleu inchangés et scandaleux, c’est ainsi que s’achève un débat politique majeur pour les transports publics tourangeaux !

À l’origine, Kéolis, dont la délégation de service public vient d’être renouvelée par la Métropole pour 7 ans à partir du 1er janvier 2019, relève dès le 1er août les tarifs de Fil bleu. Il semble bien qu’aucun débat antérieur n’ait eu lieu sur ce sujet au Conseil Métropolitain. Or l’augmentation de 14% du pass tout public (de 26 ans à 64 ans) n’est pas anodine, pas plus que ne l’est la disparition du forfait dédié aux demandeurs d’emploi ou aux allocataires du RSA, et encore moins la fixation des seuils de revenus du foyer (quotient familial inférieur à 350€, entre 350€ et 550C et supérieur à 550 €) pour bénéficier, ou pas, de tarifs réduits.